L’immaginazione domina il regno del vero
e, all’interno di questo regno,
il possibile è solo una regione.
C. B.
Le vin des amantes
Aujourd’hui l’espace est splendide!
Sans mors, sans éperons, sans bride,
Partons à cheval sur le vin
Pour un ciel féèrique et divin!
Comme deux anges que torture
Une implacable calenture,
Dans le bleu cristal du matin
Suivons le mirage lointain!
Mollement balancés sur l’aile
Du tourbillon intelligent,
Dans un délire parallèle,
Ma soeur, côte à côte nageant,
Nous fuirons sans repos ni trêves
Vers le paradis de mes rêves!
Il vino degli amanti
Quest’oggi lo spazio è terso!
Senza briglie, né speroni, né morso,
partiamo a cavallo del vino
per un cielo fiabesco e divino.
Come due angeli che flagella
un’implacabile febbre gialla,
nel cristallo cerulo del mattino
seguiamo il miraggio da vicino!
Mollemente bilanciati sull’ala
del turbinio intelligente,
dentro una follia parallela,
sorella mia, a fianco a me natante,
fuggiremo senza tregua, né ritegni,
verso il paradiso dei miei sogni!
La fin de la journée
Sous une lumière blafarde
Court, danse et se tord sans raison
La Vie, impudente et criarde.
Aussi, sitôt qu’à l’horizon
La nuit voluptueuse monte,
Apaisant tout, même la faim,
Effaçant tout, même la honte,
Le Poète se dit: «Enfin!
Mon esprit, comme mes vertèbres,
Invoque ardemment le repos;
Le coeur plein de songes funèbres,
Je vais me coucher sur le dos
Et me rouler dans vos rideaux,
Ô rafraîchissantes ténèbres!»
La fine della giornata
Sotto una luce morente
corre, danza e si torce senza ragione
la Vita, chiassosa e impudente,
tal che appena il ciglione
della notte voluttuosa monta,
riposando tutto, anche la mente,
appagando tutto, anche l’onta,
il Poeta dice: «Finalmente!
lo spirito e le mie vertebre,
ardentemente implorano soccorso;
il cuore colmo di sogno funebre,
vado a stendermi sul dorso
e m’avvolgo nelle vostre latebre,
oh, rinfrescanti tenebre!»
Les aveugles
Contemple-les, mon âme; ils sont vraiment affreux!
Pareils aux mannequins; vaguement ridicules;
Terribles, singuliers comme les somnambules;
Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.
Leurs yeux, d’où la divine étincelle est partie,
Comme s’ils regardaient au loin, restent levés
Au ciel; on ne les voit jamais vers les pavés
Pencher rêveusement leur tête appesantie.
Ils traversent ainsi le noir illimité,
Ce frère du silence éternel. Ô cité!
Pendant qu’autour de nous tu chantes, ris et beugles,
Eprise du plaisir jusqu’à l’atrocité,
Vois! je me traîne aussi! mais, plus qu’eux hébété,
Je dis: Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles?
I ciechi
Contemplali, anima mia, sono davvero mostruosi!
Simili a manichini; vagamente ridicoli;
terribili, singolari, come sonnamboli;
dardeggiano non si sa dove i loro globi tenebrosi.
I loro occhi, dove la divina scintilla è partita,
come se guardassero lontano, restano a planare
per il cielo, non li si vede mai inclinare
al suolo assortamente la loro testa appesantita.
Attraversano così il nero dell’infinità,
questo fratello del silenzio eternale. O città!
mentre intorno strilli, ridi e canticchi,
presa dal piacere fin all’atrocità,
vedi! anch’io mi trascino, ma più ebete di loro, chissà!
dico: che cercano al Cielo tutti questi ciechi?
La vie antérieure
J’ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d’une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l’azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l’unique soin était d’approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.
La vita anteriore
Molto tempo ho abitato sotto vasti portici
che i soli marini tingevano di mille fuochi
e che i loro grandi pilastri, dritti e ciechi,
rendevano simili, la sera, a vicoli basaltici.
Le onde, arrotolando immagini del cielo,
mischiavano in modo mistico e solenne
gli onnipotenti accordi delle loro ninne nanne
ai colori di ponente distesi sopra un velo.
E là che ho vissuto nelle voluttuose calme,
in seno all’azzurro, alle onde, agli splendori,
e con schiavi nudi tutt’impregnati d’odori,
che mi rinfrescavano la fronte con le palme
e dove l’unica premura era d’approfondire
il segreto doloroso che mi faceva languire.
Élévation
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gayement l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
— Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes!
Elevazione
Al di sopra degli stagni e delle vallate,
di monti, di boschi, di nubi e di mari,
al di là dell’etere e di luci solari,
al di là dei confini delle sfere stellate,
spirito mio, tu ti muovi con agilità,
come nuotatore che s’inebria dell’onda
solchi felice l’immensità profonda
con indicibile e maschia voluttà.
Innàlzati da questi miasmi putridi
per purificarti nell’aria superiore,
e bevi come puro e divino liquore,
il fuoco chiaro degli spazi limpidi.
Dietro le noie e i vasti dispiaceri
che gravano l’esistenza brumosa,
felice è colui che da un’ala vigorosa
si lancia in campi luminosi e sinceri,
di cui i pensieri, come allodole venute,
prendono per i cieli un libero volo,
— chi plana sulla vita e comprende solo
il linguaggio dei fiori e delle cose mute.
Brumes et pluies
Ô fins d’automne, hivers, printemps trempés de boue,
Endormeuses saisons! je vous aime et vous loue
D’envelopper ainsi mon coeur et mon cerveau
D’un linceul vaporeux et d’un vague tombeau.
Dans cette grande plaine où l’autan froid se joue,
Où par les longues nuits la girouette s’enroue,
Mon âme mieux qu’au temps du tiède renouveau
Ouvrira largement ses ailes de corbeau.
Rien n’est plus doux au coeur plein de choses funèbres,
Et sur qui dès longtemps descendent les frimas,
Ô blafardes saisons, reines de nos climats,
Que l’aspect permanent de vos pâles ténèbres,
— Si ce n’est, par un soir sans lune, deux à deux,
D’endormir la douleur sur un lit hasardeux.
Nebbie e piogge
O fine autunno, inverni, primavere zuppe di fango,
dormentanti stagioni! io vi amo e vi lusingo
per involgere così il mio cuore e il mio cervello
in un sudario vaporoso e in un vago avello.
In questa grande piana dove l’altano schernisce,
dove in lunghe notti la banderuola arrochisce,
la mia anima più che al tempo del mite rinnovamento
aprirà le sue ali di corvo in largo accoglimento.
Niente è più dolce al cuore pieno di senso funebre,
e sul quale da tempo ridiscendono le brine,
oh scialbe stagioni, dei nostri climi regine,
l’aspetto permanente delle vostre pallide tenebre,
— non è che, in una sera illune, a due a due,
addormentare il dolore tra lenzuola ardue.
Alchimie de la douleur
L’un t’éclaire avec son ardeur,
L’autre en toi met son deuil, Nature!
Ce qui dit à l’un: Sépulture!
Dit à l’autre: Vie et splendeur!
Hermès inconnu qui m’assistes
Et qui toujours m’intimidas,
Tu me rends l’égal de Midas,
Le plus triste des alchimistes;
Par toi je change l’or en fer
Et le paradis en enfer;
Dans le suaire des nuages
Je découvre un cadavre cher,
Et sur les célestes rivages
Je bâtis de grands sarcophages.
Alchimia del dolore
Uno ti schiarisce col suo ardore,
un altro in te posa il suo lutto, Natura!
Chi dice a uno: Sepoltura!
dice all’altro: Vita e splendore!
Ermes sconosciuto che m’assisti,
che sempre m’hai intimidito,
mi rendi uguale a Mida,
il più triste degli alchimisti;
per te cambio l’oro in ferro
e il paradiso in inferno;
dal sudario di nuvoli vaghi
un cadavere caro dissotterro,
e vicino a celesti pelaghi
ergo grandi sarcofaghi.
L’amour e le crâne
L’Amour est assis sur le crâne
De l’Humanité,
Et sur ce trône le profane,
Au rire effronté,
Souffle gaiement des bulles rondes
Qui montent dans l’air,
Comme pour rejoindre les mondes
Au fond de l’éther.
Le globe lumineux et frêle
Prend un grand essor,
Crève et crache son âme grêle
Comme un songe d’or.
J’entends le crâne à chaque bulle
Prier et gémir:
— “Ce jeu féroce et ridicule,
Quand doit-il finir?
Car ce que ta bouche cruelle
Eparpille en l’air,
Monstre assassin, c’est ma cervelle,
Mon sang et ma chair!”
L’amore e il cranio
L’Amore s’è seduto sul cranio
dell’Umanità,
e la profana da questo dominio,
con sfrontata ilarità,
bolle tonde gaiamente va a comporre,
per l’aria ad ascendere,
come a raggiungere terre
alla fine dell’etere.
Il globo luminoso e fragile
prende un grande afflato,
si cava e sputa l’anima gracile
come un sogno dorato.
Io sento il cranio sotto le bolle
pregare e inveire:
— “Questo gioco feroce e folle
quando dovrà finire?
Perché quello che la tua bocca aguzzina
nell’aria sparpaglia
è la mia cervella, bestia assassina,
il mio sangue, la mia poltiglia!”
Tristesses de la lune
Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse;
Ainsi qu’une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d’une main distraite et légère caresse
Avant de s’endormir le contour de ses seins,
Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l’azur comme des floraisons.
Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,
Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d’opale,
Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.
Tristezza della luna
Questa sera, sogna la luna con più fiacchezza;
come una bella, su numerosi cuscini
che con una mano svagata e leggera carezza
nell’assopirsi l’orlo dei suoi seni,
sul dorso satinato delle molli valanghe,
morente, si consegna ai lunghi svenimenti,
e porta a spasso gli occhi su visioni bianche
che salgono su, agli azzurri fiorenti.
Quando su questo globo, nel suo languore indolente,
lascia filare una lacrima fuggente,
un poeta devoto che sonno non vuole,
prende tra le mani questa lacrima nivale,
dai riflessi iridati come un frammento d’opale,
e nel cuore la pone, occulta agli occhi del sole.
De profundis clamavi
J’implore ta pitié, Toi, l’unique que j’aime,
Du fond du gouffre obscur où mon coeur est tombé.
C’est un univers morne à l’horizon plombé,
Où nagent dans la nuit l’horreur et le blasphème;
Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois,
Et les six autres mois la nuit couvre la terre;
C’est un pays plus nu que la terre polaire;
— Ni bêtes, ni ruisseaux, ni verdure, ni bois!
Or il n’est pas d’horreur au monde qui surpasse
La froide cruauté de ce soleil de glace
Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos;
Je jalouse le sort des plus vils animaux
Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide.
Tant l’écheveau du temps lentement se dévide!
De profundis clamavi
Io imploro la tua pietà, Tu, l’unica che amo,
dal fondo del baratro oscuro ove il cuore è franato.
Un universo cupo all’orizzonte è piombato,
in cui nuotano nella notte l’orrido e il blasfemo;
Un sole che non ha calore plana per sei mesi
e per sei mesi la notte la terra resta ad ammantare;
è un luogo più nudo della terra polare;
—
nessuna bestia, rivi, boschi, verdi paesi!
Ora non è più d’orrore al mondo che sorvola
la fredda crudeltà di questo sole di ghiaccio
e questa immensa notte simile al vecchio Caos;
invidio la sorte dei più meschini animali
che possono immergersi in una dormita tonta.
Così pigra la matassa del tempo si slenta!
(traduzione di Emilio Capaccio)